Campagne

Comment traduire l'ADN d'une grande marque fashion ? Récit d'un tournage Zadig&Voltaire à Marseille

Paul Arthur DELAHAYE

13 nov 2024

Delahaye Studio

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Dans un contexte où le secteur de la mode traverse une période de turbulences majeures, avec la disparition de marques historiques comme Camaïeu, Naf Naf ou le retrait d'Esprit du marché français, une leçon s'impose : l'absence de personnalité forte est fatale. Ces enseignes, malgré leur notoriété, n'ont pas su maintenir une identité suffisamment distinctive pour survivre dans un marché ultra-concurrentiel. À l'inverse, certaines marques comme Zadig&Voltaire démontrent qu'un ADN fort et cohérent reste le meilleur rempart contre la banalisation.

Depuis 1997, Zadig&Voltaire cultive une identité unique, mêlant rock attitude et luxe décontracté. Ce positionnement sans compromis, cette signature immédiatement reconnaissable, constituent aujourd'hui plus que jamais des atouts majeurs. Notre mission, à travers une série d'images tournées à Marseille, était de capturer et réinterpréter cette essence si particulière, loin des codes consensuels.


L'anticonformisme comme signature

Là où certaines marques ont cédé à la tentation de l'uniformisation, Zadig&Voltaire a toujours cultivé sa différence. Cette philosophie a guidé notre approche créative dès les premiers brainstormings. La marque s'est construite sur des paradoxes assumés : un luxe sans ostentation, une élégance déstructurée, une sensualité qui ne cherche pas à plaire à tout prix.

Nos partis pris créatifs reflètent cette position singulière :

  • Une esthétique brute héritée des années 90, quand d'autres privilégient le lisse et le policé

  • Le noir et blanc contrasté des maîtres Lindbergh et Mapplethorpe, à contre-courant des filtres Instagram

  • Le concept de « sexy par accident », opposé à la séduction calculée des marques grand public

  • L'abolition des frontières temporelles, refusant le diktat des collections saisonnières

Marseille : décor d'une rébellion créative

Le choix de Marseille, particulièrement des quartiers des Goudes et de Noailles, s'inscrit dans cette logique de rupture. Quand la majorité des marques se cantonnent aux décors parisiens convenus, nous avons choisi la cité phocéenne pour sa beauté brute et son énergie rebelle. Ces lieux incarnent parfaitement la dualité de Zadig&Voltaire : urbains mais sauvages, bruts mais poétiques.

Notre approche technique reflète cette recherche d'authenticité :

  • Utilisation de boîtiers Sony Alpha pour leur rendu naturel des peaux

  • Optiques vintage apportant une douceur aux contrastes

  • Éclairage naturel renforcé par des réflecteurs dorés

  • Post-production minimaliste

Une direction artistique sans concession

La sélection des modèles illustre également ce refus du conformisme. Chloé (@chloebrte) et Rachel (@salutcestrachel) ont été choisies pour leur personnalité avant leur physique. Sur les rochers des Goudes, nous avons privilégié des poses instinctives, capturant ces moments où la grâce surgit de l'imprévu. Cette approche contraste fortement avec les poses standardisées qui ont fini par uniformiser l'image.

Notre direction photo s'est concentrée sur :

  • Des cadrages alternant entre plans larges contextuels et portraits serrés intimes

  • Une utilisation dramatique de la lumière naturelle

  • La capture du mouvement spontané plutôt que des poses figées

  • Un travail sur les textures mettant en valeur la qualité des matières


L'authenticité comme stratégie gagnante

Cette campagne démontre la pertinence d'une vision créative audacieuse. Les retours enthousiastes de Zadig&Voltaire confirment que l'authenticité et la singularité restent les meilleurs atouts d'une marque de mode.

Conclusion : résister à l'uniformisation

La réussite de ce projet repose sur un parti pris fort : refuser les compromis. Chaque image de cette campagne affirme l'identité unique de Zadig&Voltaire, prouvant qu'en mode, la personnalité est la meilleure garantie de pérennité. À l'heure où le secteur subit quelques turbulences, cette campagne marseillaise rappelle qu'une marque ne peut survivre sans un territoire créatif distinctif et assumé.

Paul Arthur DELAHAYE

13 nov 2024

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